
Féministes, wokiste, LGBêtiste de tous bords et mondialistes de tout poil
Le Petit Prince vous emmerde et La Petite Princesse aussi !
Sous le titre : « Le Petit prince » règne depuis 80 ans : il est temps que la parole se libère ! C’est le deuxième livre le plus vendu au monde, et à l’occasion de ses 80 ans, il est temps de le crier haut et fort : « le Petit Prince » nous plombe.
Le Nouvel Obs a publié le 2 avril dernier un texte au vitriole pour démolir le Petit Prince. Je l’ai découvert aujourd’hui en lisant un tweet de Maître Gilles-William Goldnadel, dont j’apprécie particulièrement les positions sur un grand nombre de sujets et je ne peux pas laisser passer la hargne mise par ce journaliste à baver sur l’un des plus beaux livres qu’il m’ait été donné de lire. Exceptionnellement, je vais écrire à la première personne du singulier pour répondre à l’auteur de ce texte.
Passionné d’aviation depuis mon enfance dans le désert Algérien, à Ouargla, de retour en 2015 de l’un de mes nombreux autres séjours en Afrique où je travaillais régulièrement ces dernières années, il m’est venu alors l’idée d’écrire une réponse au Petit Prince.
À Lyon où j’ai habité durant trente ans, j’ai participé intensivement, en 1999 et 2000, aux commémorations du centenaire de la naissance d’Antoine de Saint-Exupéry et au changement de nom de l’Aéroport de Satolas, devenu depuis Aéroport de Lyon Saint-Exupéry.
Fervent passionné de l’œuvre du Pilote Aviateur, j’avais pourtant une légère réticence à considérer le Petit Prince comme un livre vraiment universel pour trois raisons que l’on aurait pu partager avec l’auteur de l’article du Nouvel Obs qui se fourvoie pourtant dans la mélasse d’un féminisme destructeur, d’un wokisme puant et d’un universalisme qui ne cesse de montrer ses dangers pour notre civilisation.
Je pensais égoïste, misogyne, écrit à une époque où nous étions loin de cette destruction mentale du monde que nous connaissons depuis le siècle dernier. Alors j’ai souhaité décrire dans mes pages un monde de partage un monde plus féminin, de ce féminisme qui honore les civilisations accomplies et plus en phase avec celui que nous appelons de nos vœux aujourd’hui. Cette réponse au Petit Prince que j’ai titrée « La Petite Princesse ». Cette réponse, je l’ai écrite au féminin pour éviter de prêter le flanc aux houris déconstructivistes qui polluent nos relations binaires naturelles. Je trouvais cette manière plus appropriée au confort d’une galanterie courtoise, même un peu surannée, mais je pense aujourd’hui que c’était une mauvaise idée. On peut en débattre…
C’est un brouillon. Je ne l’ai pas encore terminé. L’ouvrage est difficile car je n’ai pas la prétention d’égaler d’une quelconque manière le talent de l’auteur de Terre des Hommes. Mais je n’ai pas renoncé et cet article paru dans ce journal de la gauche « mondialisto-humaniste » m’a fait violemment réagir. Car en effet, si une chose peut être de tenter d’apporter une réponse ou une critique aux interrogations philosophiques de notre écrivain-aviateur, une autre, détestable, consiste à tenter, comme le fait l’article du Nouvel Obs, de vouloir en effacer les lumières en s’appuyant sur le nihilisme d’aujourd’hui qui conteste les fondements de notre civilisation occidentale en niant, de surcroît, le danger absolu d’une religion barbare qui veut nous imposer sa foi et sa culture pour laquelle ils n’ont d’autres mots que des louanges, même devant l’intolérable.
Si je suis chapitre par chapitre le plan du conte de Saint-Exupéry, en répondant parfois à certaines de ses vérités que je ne crois pas totalement justes, « en regardant droit devant soi, on ne peut pas aller bien loin… », je ne dénigre aucunement l’ensemble des thèmes et le parcours initiatique qui sont abordés dans son livre.
Dans le voyage de la Petite Princesse, j’ai choisi des nuages plutôt que des planètes ; cela m’a semblé plus poétique et plus en accord avec l’esprit d’une petite fille, telle que je l’imaginais déjà avant d’avoir la joie d’accueillir la mienne, L….., il y a trois ans…
Notre civilisation est aujourd’hui menacée. Comment ne peut-on ne pas voir le message prémonitoire d’Antoine de Saint-Exupéry quand il écrivait, dans une missive retrouvée sur son bureau, le 31 juillet 1944, quelques heures avant sa disparition : « Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m’épouvante. Et je hais leurs vertus de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier. »
Pour ces raisons, mais il y en a d’autres, j’ai choisi de vous dévoiler ici le brouillon du chapitre 12 de « La Petite Princesse » qui, comme dans le conte qui m’a inspiré, en comporte plus d’une vingtaine (27 pour le Petit Prince, souvent assez courts). Et comme nous avons changé d’époque – et de moyens – j’ai préféré, comme vous le montre déjà la couverture du livre au début de cet article, dessiner toutes mes illustrations sur ordinateur (Illustrator et Photoshop) pour ancrer ces pages dans un univers plus contemporain.
Dans ce chapitre, vous ne manquerez pas de faire le lien avec l’un des plus grand dangers que notre civilisation occidentale rencontre aujourd’hui, comme je l’évoque plus avant et comme je l’évoquais dans mon précédent article.
La Petite Princesse
Chapitre 12
« Quand elle approcha de ce nuage, le soleil venait de se coucher et la lune formait un croissant blafard dans le ciel sombre. Tout était noir alentour. Sa curiosité la poussa cependant à s’approcher et à se poser sur la partie la plus claire qui commençait à disparaître. Il n’y avait aucun bruit, aucun oiseau. Ce nuage semblait étrangement vide et lugubre.
Après avoir marché sur un sentier sinueux jonché de cailloux gris, elle aperçu une tache noire, en haut des sommets arrondis. Elle s’approcha silencieusement. Le trou noir était si petit qu’elle dut se pencher ; elle constata que c’était une grotte. Elle ne voyait rien. Il n’y avait aucune lumière à l’intérieur. Elle perçut seulement un grognement sourd qui semblait venir des profondeurs abyssales. Apeurée, elle tourna les talons pour s’éloigner quand une voix gutturale l’interpella :
– Hé !
Elle s’arrêta et resta immobile.
– Retourne-toi, lui intima la voix !
Elle se retourna lentement.
À l’entrée de la grotte, immobile, se tenait un animal recouvert de poils noirs ressemblant à une barbe hirsute qui lui couvrait tout le corps. Il avait de grandes oreilles dressées et des yeux très sombres ; il la regardait de la tête aux pieds comme un marchand jaugeant le bétail au marché avant de l’acheter. Surprise par cette apparition, elle demanda :
– Qui êtes-vous ?
– Tais-toi ! Je suis le messager des loups, mes frères !
– Pourquoi habitez-vous dans une grotte si profonde ? demanda la Petite Princesse.
– Nous habitons dans une grotte profonde car nous n’aimons pas la lumière.
– Pourtant, la lumière…
– Tais-toi ! lui intima encore le loup.
– Mais je désirais seulement… poursuivit la Petite Princesse malgré le ton hargneux du loup.
– Tu n’as rien à désirer, la coupa le loup ! Chez nous, il n’y a aucun désir qu’une petite fille puisse exprimer. Tu vas venir avec moi, tu seras notre servante ; tu habiteras dans cette grotte. Ton habit sera sali et deviendra noir, tu finiras par nous ressembler.
– Mais, rétorqua la petite princesse, je ne veux pas que mon habit devienne noir ; je ne veux pas m’enfermer dans cette grotte où il n’y a ni soleil ni lumière, je ne veux pas devenir votre servante, je veux seulement vivre libre et continuer mon voyage…
– Ne cherche pas à t’enfuir, sinon nous jetterons toutes les pierres de ce chemin sur toi pour t’empêcher d’avancer !
– Mais… s’étonna la Petite Princesse, qui voulut poursuivre…
– Tu n’as rien d’autre à dire, tu dois venir avec moi.
Le jour était sur le point de s’éteindre. Elle entendit un chant lugubre, une thrène comme celle des corbeaux. Au loin, des loups accouraient et se dirigeaient vers l’entrée de la grotte.
– Le soleil se couche. C’est l’heure où nous partageons la nourriture, dit le loup en s’approchant avec un air menaçant. Nous fêterons ta capture, dit-il encore en s’élançant pour la saisir.
La petite princesse courut vers l’extrémité du nuage ; le loup qui la poursuivait ne prit pas garde aux cailloux qui jonchaient le chemin ; il trébucha violemment sur l’un d’eux, s’étala de tout son long et se cogna la tête si fort qu’il cessa de bouger.
La petite princesse se retrouva devant un grand vide ; le vent qui soufflait gonfla son habit, comme une aile d’oiseau et, sans réfléchir, elle se laissa tomber dans le vide. Elle était si légère qu’elle s’envola très vite vers le ciel bleu dont elle distinguait encore une fine ligne lumineuse à l’horizon pour la guider vers la liberté. »
Jean-Louis Chollet
La Petite Princesse
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